Éloge des haies vives

Le développement de l’agriculture s’est accompagné de la disparition des forêts. Les haies ont longtemps été des substituts de ces forêts détruites par l’action humaine. Elles ont maintenu, même s’il est tenu, un lien entre ces derniers et les arbres.

Le vingtième siècle aura été, entre autres catastrophes, le siècle de la destruction des haies. Puisse le vingt et unième siècle être celui de leur renaissance, et de l’inversion des pratiques agricole qui doit réintégrer l’arbre et la forêt dans la construction d’un milieu vivable pour les terrestres.

Éloge des haies vives

Si la forêt effraye la plupart des humains, la haie, elle, rassure. Elle protège, peut être impénétrables lorsqu’elle est épaisse, intègre des épineux ou que les arbustes sont plessés.

Les Bambara du Soudan Central-Nigérien, rappelle cette fonction de la haie qu’ils appellent « singa » ou « sinza » dériver du verbe « sinsin » qui signifie « protéger, fournir un appui ». Chez les Soso et Dialonke de Guinée, également le mot « Kan’de » qui désigne la haie, provient de « Kânta » : « protéger ».

Dans une grande partie de l’Europe les haies ont longtemps structuré les paysages et donné naissance au bocage qui est un aménagement du territoire où les terres et les prairies sont encloses par des levées de terre plantées d’arbres et d’arbustes.

Haie bocagère

Jadis la forêt remplissait les usages qui ont été demandés ultérieurement aux haies d’arbres : la production d’humus. Les champs n’ont d’abord été que des grandes clairières culturales taillées dans les forêts. À cette époque, les haies servaient essentiellement de clôtures destinées à limiter la divagation du bétail sur les parcelles cultivées.

La création du système bocager a été une réponse pragmatique à la disparition du couvert forestier. Après avoir détruit la forêt, les hommes ont replanté des boisements linéaires. Plus la forêt a disparue plus il a fallu agrandir le système bocager. C’est ainsi que les régions les plus bocagères sont précisément les plus déboisées.

Le plus souvent, les rideaux d’arbres des bocages ne sont pas des espèces résiduelles provenant des anciennes forêts détruites. Les essences qui composent ces haies ne correspondent pas à celle de la forêt climacique. Les espèces des haies ne sont pas forestières, mais champêtres. L’absence d’espèce d’arbre primitive est lié au fait que les arbres de haies sont des espèces de pleine lumière et non des essences d’ombres caractéristiques des forêts denses initiales.

Les haies d’arbres ont essentiellement servi de brise-vent et de clôtures, mais aussi donné des fagots de branchages utilisés pour le chauffage des fours, le fourrage du bétail, la litière des étables et la fumure des champs. Plus la forêt a été défrichée, plus la fertilité des sols a décliné. La réintroduction de l’arbre dans le paysage sous forme de haies et le développement de l’élevage bovin a généré un modèle agro-sylvo-pastoral de gestion de la fertilité des sols.

Dans certaines régions, les haies sont des bandes boisées de 5 à 6 m de large, que l’on cultive pour leurs fagots. Ainsi, dans la région française du Morvan, par exemple, il arrive que chaque enclos soit fermé d’énormes haies appelées « chaintres » dont on coupe les branches tous les 5 à 6 ans, pour les incinérer et répandre la cendre comme engrais sur les terres : la largeur de ces haies étant souvent en relation étroite avec la pauvreté du sol. Dans ce type d’agriculture, les clôtures d’arbres sont chargées de perpétuer le service agricole de la forêt disparue.

En Puisaye, entre l’Yonne et la Loire, les haies sont également des fourrés larges de 5 à 6 m, et qui tout en fournissant des fourrages aériens et la litière du bétail, hébergent des tas de prédateurs utiles au contrôle de la prolifération des campagnols et des insectes parasites (ravageurs).
Sources : Marc Bonfils

Les haies construites au fil des siècles ont été largement été détruites au sortir de la Deuxième Guerre mondial, lorsque les États ont imposé une politique de remembrement de mécanisation et spécialisation régionale qui a mis fin aux pratiques agro-sylvo-pastorale qui prévalaient jusqu’alors.

Le bocage traditionnel du Cotentin en France vers 1945

Au début du XXe siècle, une première loi instaure le remembrement mais elle remporte peu de succès. Pendant la Deuxième guerre mondiale, sous le régime de Vichy, la « loi » du 9 mars 1941 veut mettre en place un outil juridique opérationnel pour faciliter le remembrement mais cet ordonnance, n’est que lentement mise en œuvre. Après la Libération, l’ordonnance du 7 juillet 1945 reprend l’objectif de simplification de la « loi » de 1941. En 1946, il y avait 145 millions de parcelles en France, avec une taille moyenne de 0,33 hectare. La taille de ces exploitations rendait l’utilisation des tracteurs difficile et peu rentable. La somme allouée au remembrement par le ministère de l’agriculture passe de 62,9 millions de nouveaux francs en 1959 à 111,283 en 1960, soit environ le double. C’est entre les années 1960 et 1980 que le remembrement devient réellement intensif.

Les terres ont ainsi été redistribuées entre propriétaires pour former de grandes parcelles d’un seul tenant regroupées autour des corps de ferme. Des chemins d’exploitation ont aménagés pour permettre aux machines de circuler, les rivières réaménagées et des fossés creusés pour évacuer plus vite les eaux, les anciens talus et les haies ont été supprimées pour ne pas gêner le travail et le passages des engins agricoles.

« Ces années là, on a vu de grosses machines agricoles arracher les haies, bousculer les talus, réaménager les rivières, boucher de vieux fossés et en creuser d’autres pour évacuer plus rapidement les eaux, agencer les chemins pour permettre aux machines de circuler. On a redistribué les terres pour former de grandes parcelles d’un seul tenant. Menés tambour battant souvent de façon brutale et autoritaire sans prendre en considération les conditions naturelles, ces travaux ont profondément modifié de magnifiques paysages façonnés souvent en connaissance de cause par les anciens. Ces paysages variés et accueillants sont devenus austères et uniformes. Les relations entre agriculteurs se sont dégradées. Les sols se sont érodés par le ruissellement avec pour conséquences l’assèchement de certains puits, la baisse de la nappe phréatique et des inondations plus fréquentes dans les bas-fonds. La chimie a fait tellement de dégâts que le petit gibier a quasiment disparu… Quelle bêtise ! Quand je pense que ces crétins demandent aujourd’hui de replanter les haies là où ils nous ont obligés à les arracher. » Yves de Saint Jean Le grand chambardement, éditions Oborel.

Source des photographies : Les impacts du remembrement

La haie vive est de nouveau promue, dans le sillage de la reconnaissance de ses vertus multiples et plus généralement dans le cadre de la promotion des pratiques agroforestières. La haie peut (re)devenir être un élément essentiel et structurant des jardins, des parcelles et de paysages cultivés pérennes car la haie vive n’est pas une simple clôture végétale. Comme son nom le manifeste, elle est vivante, elle croît et peut être, selon sa conduite et les végétaux qui la composent être multifonctionnelle et généreuse en matières comestibles, combustible, fertilisantes, mellifères.

Type de haies

Il existe différents types de haies vives. Chacun correspond à la mise en avant d’une fonction particulière. Mais ces types peuvent se combiner et agréger plusieurs fonctions selon les besoins, le contexte, et les essences disponible

Haie protectrice ou défensive

Les système de haies vives “défensives” à base d’épineux sont particulièrement adaptés aux régions où l’élevage est principalement pastoral, et a pour conséquence la divagation des animaux. Cette divagation a un impact négatif direct sur les parcelles maraîchères qui peuvent être ravagées.

Haie d’épineux

En Europe l’aubépine (Crataegus spp.) et le prunellier ou épine noire ((Prunus spinosa), deux arbustes épineux dotés d’une forte capacité à drageonner, étaient fréquemment plantés pour former des des haies ou et taillis inextricables infranchissables pour le bétail comme pour les humains.

Haie d’aubépine

Les haies défensives en Afrique

- Sahel

Les populations du Sahel ont adopté depuis fort longtemps la pratique des haies défensives. Bien qu’il existe quelques haies vives, plus de 80 % des protections se font avec des haies mortes ou mixtes confectionnées avec des branches d’arbustes des genres Acacia, Ziziphus, Balanites, Combretum, Guiera.

Au Sahel, des ONG ont entrepris de promouvoir la culture des haies vives. Diverses variétés d’acacia épineux ont été proposées pour établir des haies « anti-divagation » du bétail comme Acacia Mellifera, Acacia Macrostachya et Acacia Nilotica, trois espèces dotées d’épines crochues qui empêchent les animaux d’avoir accès aux jardins ou aux champs. Ces essences ont une croissance très rapide et l’étêtage permet d’avoir des touffes plus importantes grâce aux bourgeons qui poussent, ce qui renforce davantage la clôture. Selon ses promoteur ce type de haie seraient intéressant pour les maraîchers, car système est peu coûteux et naturel par rapport au grillage qui coûte extrêmement cher. En plus de leur rôle défensif, ajoutent-t-ils, la haie a un effet comme brise vent pour les cultures et tempère le climat comme l’ensemble des arbres plantés en agroforesterie.

Acacia Mellifera, Acacia Macrostachya et Acacia Nilotica

Malgré ses potentiels avantages, la bonne volonté des agropasteurs, et des services d’encadrement, les différentes actions initiées n’ont à ce jour donné que des résultats mitigés. De ce fait, les haies mortes restent, en dépit de leurs inconvénients, la technologie dominante de défense des cultures contre le bétail.

Pour répondre à la question de la pertinence de la diffusion de haies vives au Sahel, le Réseau de Recherche Agroforestière dans les Basses Terres Semi-Arides de l’Afrique de l’Ouest (Burkina Faso, Mali, Sénégal et Niger) a entrepris de 1991 à 2000 des travaux de recherche et de développement sur les haies vives.

Les résultats de cette recherche sont présentés dans le document : « Les haies vives au Sahel. Etat des connaissances et recommandations pour la recherche et le développement »

Afrique centrale

Roy Danforth a mis au point un modèle de haie défensive spécialement conçue pour empêcher la divagation du bétail en le gardant à l’extérieur des parcelles cultivées sans empiéter sur les cultures à proximité en Afrique centrale.

« Ici, en Afrique centrale, les pluies sont fréquentes et les termites abondent. Il n’est donc pas pratique d’abattre des arbres pour en faire des clôtures. Elles ne durent que quelques mois. À la ferme expérimentale du CEFA, nous avons fait des recherches sur plusieurs types de haie vives protectrice et nous avons élaboré un modèle performant. »

Le long de la limite de la parcelle à protéger, est creusée une tranchée d’un mètre de large et d’un mètre de profondeur comme premier moyen de dissuasion.

Toute la terre de la tranchée est empilée à l’intérieur de la parcelle, en formant une pente qui s’incline dans la tranchée - c’est une sorte de deuxième barrière.

Ensuite, sur le côté incliné de la colline qui fait face à la tranchée, des plants de sisal aux bord de feuilles épineux sont plantés à 1 à 2 m l’un de l’autre sur une seule rangée ou en quinconce sur deux rangées. C’est votre troisième et la principale partie de la haie vive.

Du vétiver, une herbe anti-érosive à racines très profondes, est plantée le long du bord opposé de la pente, sur le bord extérieur de la tranchée. Installés les plants reproché les uns des autres. Il faut une bonne année pour que la haie atteigne une taille et une épaisseur, empêchant les vaches, les cochons, les chèvres et même les gens de la franchir.

Une autre option consiste à ajouter des arbustes épineux entre les sisals comme cinquième barrière.

Pour la rendre la haie infranchissable plus rapidement, Roy Danforth ajoute qu’il est possible d’ajouter une sixième barrière de gliricidia d’un mètre de haut, en coupant simplement des branches de cette arbre et en les enfonçant dans le sol. Elles poussent rapidement pendant la saison des pluies.

Gliciridia, Sisal et Vétiver

Source : Roy Danforth, Agroforestry in the Central African Home Garden ; A manual for tree gardening in the humid tropics

Haies plessées

Les haies plessées en Europe

Le plessage est une technique traditionnelle de taille et tressage des haies vives afin de créer une clôture végétale naturelle. Une haie plessée est constituée en fendant, à proximité du sol, les troncs des arbustes ou en taillant et entrelaçant autour de pieux les rameaux des arbrisseaux qui la constituent. Les branches des arbustes fendus sont inclinées et tressées avec des piquets espacés ou bien avec certains arbustes laissés verticaux. Les rameaux sont pliés à l’horizontale et tressés de la même manière.

La haie plessée poursuit sa croissance naturelle et les arbustes fendus cicatrisent et se dédoublent. Le plessage peut se réaliser sur des haies sauvages comprenant des arbustes de plus de 10 cm de diamètre.

La technique était déjà connue des celtes avant la conquête romaine. Jules César décrit des haies plessées dans la guerre des Gaules lorsqu’il évoque sa guerre contre les Nerviens :

« Ils étaient dans l’habitude de couper de jeunes arbres, de les courber, d’y placer transversalement de nombreuses branches, et d’entremêler le tout d’épines, afin qu’à l’instar d’un mur, ces haies leurs servissent de retranchements, à travers lesquels il n’était possible ni de pénétrer, ni même de rien voir. »

La technique est connue en grande Bretagne sous le nom de « hedgelaying », dans les pays Flamand les mots « Plaakhaag » et « Kruishaag » désignent deux techniques de plessage de l’aubépine.

Le plessage permettant d’obtenir des barrières infranchissables pour le bétail et les gros animaux, il était adapté à la clôture des pâturages et cultures. On le rencontrait fréquemment comme clôture des potagers médiévaux qu’il protégeait de la divagation des bêtes.

La dernière période de grand développement des haies plessées en Europe a eu lieu aux XVIIIe XIXe siècle avec l’essor de l’élevage et l’embocagement des communaux. Les agronomes recommandaient alors fréquemment le plessage comme un moyen efficace à la fois pour obtenir une clôture performante (les haies non plessées employant des essences épineuses — aubépine, rosier des chiens, prunellier, ronce — étant plus dissuasives pour les hommes que pour les bovins au cuir épais), et pour produire une quantité de bois de chauffage. Cette technique a progressivement été abandonnée au XXe siècle où la haie vive, lorsqu’elle reste en place, est doublée d’un fil de fer barbelé (la « ronce artificielle ») ou électrique.

Haie non comestible par le bétail

Une manière simple de réguler la divagation du bétail est de planter des haies composées d’essences que le bétail n’apprécie pas. Tel est le cas des haies d’imiyenzi l’euphorbe crayon (Euphorbia tirucalli) commune au Rwanda, des haies de Corbeille d’or (Lantana camara), de Pourghère (Jatropha curcas), de Césalpinia.

Enclos pour le bétail attenant à un rugo burundais formé par une clôture vivante d’épineux Cesalpinia que le bétail ne mangera pas.

Haie créatrice de micro-climat

Toutes les composantes du climat - vents, températures, précipitations - sont influencées par la présence de haies. La haie entraîne une modification du microclimat permettant de tamponner les extrêmes climatiques pour les cultures et l’élevage.

La température s’élève de 5°C derrière les haies en cas de vent froid et l’évapotranspiration des végétaux se réduit de 25 à 30%. On obtient ainsi : - un meilleur rendement du potager ; - une meilleure protection du jardin et de la maison.

Pour que se manifestent ces effets protecteurs, il faut que les haies soient de bons brise-vent, semi perméables au vent. Or, les haies de conifères exotiques (thuyas, cyprès) ne présentent pas ces qualités. La haie agit alors comme un obstacle au vent et génère des turbulences qui augmentent l’impression de froid.

Haies brise-vent

L’effet brise-vent des haies est bien connu. Elles peuvent réduire la vitesse du vent jusqu’à 60%. Les haies offrent une protection contre le vent plus efficace que celle d’un mur imperméable. En effet, le mur oblige le flux d’air à passer tout entier au-dessus de sa crête. Des tourbillons d’air se forment et le vent est accéléré. Au contraire, la haie offre au vent une surface perméable. Elle laisse passer une partie du vent mais sa vitesse est efficacement réduite.

Toutes les haies ne présentent pas les mêmes capacités de brise-vent. Ces qualités dépendent de la hauteur de la haie et de sa perméabilité. Pour obtenir un bon brise-vent, il faut généralement trois éléments : des arbres de haut jet, des arbres conduits en cépée, des arbustes buissonnants. On parle de haies « multi-strates »

Un bon brise vent doit mélanger en association des arbres feuillus de tailles différentes et sur une épaisseur de minimum de quelques mètres.
Ainsi, il abordera une bonne partie de la force du vent et donnera une protection efficace sur une distance 25 fois supérieure à sa hauteur.
Une bonne haie doit donc associer des espèces de hauteurs différentes, afin que le vent soit freiné sur toute sa hauteur.

Dessin de Marc Bonfils

1. Grands arbres dont la cime peut s’élever jusqu’à plus de 15-20 m. de hauteur. Ces grands arbres doivent être plantés tous les 8-10 m. d’écartement sur chaque lignes, et en quinconce sur au moins deux rangées.
(en zone tempérée cette strate peut être formée de chêne, ormes, frêne, érables, aulnes, peupliers, trembles, bouleau, tilleuls…)

2. Des arbres plus petits de 8 à 10 de haut plantés sous couverts des grands arbres et à l’extérieur pour former un étage intérieur.
(noisetiers, d’alisier, de charmes, de robiniers, cystites, pommiers et poirier... (faces sud de la haie) en zone tempérée

3. arbustes de 4 à 5 mètres de haut
(Cornouillers, néflier, sureau… en zone tempérée)

4. Des arbrisseau et des espèces buissonnantes
(prunelliers, aubépines, rosiers, églantiers, genévriers, ajoncs, genêts, groseilliers, framboisiers, cassissiers, myrtilliers…

5. Des broussailles de ronces et d’orties… et enfin des buissons d’arbres recépés.

6. Un étage de végétation herbacée et qui constitue également une bonne couverture végétale du sol, et tout en donnant refuges à diverses espèces de prédateurs.

La constitution des bandes boisées doit être judicieusement organisée de telle sorte qu’elles s’étagent en gradins qui s’abaissent graduellement au fur et à mesure que l’on va à l’extérieur de la haie, et qui doit se terminer par des buissonnements nombreux : il est en effet hors de question que des arbres de tenue versent directement leur grande ombre sur les abords des champs et a fortiori lorsqu’il s’agit du côté de la haie exposé au nord.

Les arbres utilisés comme brise-vent protègent un champ des vents dominants, diminuant considérablement la vitesse du vent avant d’atteindre les récoltes. La température derrière le brise-vent est généralement légèrement plus élevée, car l’effet de refroidissement du vent ne s’applique plus. L’humidité est plus élevée ainsi, car elle n’est plus transporté plus loin. Une exposition réduite au vent et une humidité accrue réduisent les taux d’évapotranspiration des sols et des cultures et peuvent accroître l’efficacité de l’utilisation de l’eau. Un autre effet positif est la réduction des impacts cinétiques du vent, tels que les dommages foliaires et la perte du sol supérieur en raison de l’érosion éolienne.

Haie vive et micro-climat au sahel

L’effet brise-vent, la modification de l’évapotranspiration et l’ombrage sont les trois facteurs principaux de l’effet des haies vives sur le micro-climat. Ils sont généralement étudiés dans le cadre des cultures en couloirs. mais rarement pour les haies vives.

Dans les zones arides. les observations montrent que les brise-vent réduisent beaucoup les risques liés aux vents violents des saisons des pluies et aux vents érosifs des saison sèches (Michels et al.,1998 1 Banzaf et al., 1992 ; Leihner et al.. 1993). Mais à l’opposé, certaines observations laissent supposer qu’un ralentissement de la vitesse du vent en saison chaude induit une augmentation de la température au niveau du sol qui parfois peut nuire aux productions agricoles (Brenner et al., 1995).

La haie favorise l’infiltration des eaux de pluie en raison de l’absence de croûte de battance et par une meilleure porosité du sol. Disposées perpendiculairement à la plus grande pente, les haies contribuent a réduire le ruissellement et l’érosion hydrique (Perez et al. 1997). Ainsi Sanogo (1999) a mis en évidence en zone Mali Sud que sous les lignes de haies vives de Bauhinia rufescens, la quantité d’eau augmente avec la profondeur et on remarque qu’il y a une nette différence entre les niveaux de coupe. La quantité d’eau est plus élevée sous les haies non coupées. à partir de 20 cm de profondeur du sol. Contrairement aux haies vives de Bauhinia rufescens la variation de la quantité d’eau n’est pas apparente sous les haies vives de Euphorbia balsamifera. Seule une augmentation du taux d’humidité est notable a partir de 40 cm de profondeur sous les lignes de haies vives non coupées.
Long et Persaud (1988) ont trouvé que des brise-vent de 10,5 m de hauteur augmentent l’humidité relative de 8 % dans le champ protégé. Cependant, Brenner et al. (1995) signalent qu’on ne doit pas s’attendre à une fonction de conservation du sol de la part du système brise-vent au Sahel.

Source : H. Yossi & al, Les haies vives au Sahel. Etat des connaissances et recommandations pour la recherche et le développement, World Agroforestery Center, 2006.

Haies fruitières

Dans le sud-ouest de la France, Evelyne Leterme, présidente du conservatoire des espèces fruitières d’Aquitaine a expérimenté un système de production fruitière en haie.

Dans ce système, le principe suivi consiste à replacer l’arbre fruitier au sein d’un écosystème qui lui soit favorable. L’idée est que la biodiversité est un facteur de protection des arbres et de fertilité des sols, et de tout faire par conséquent pour l’inviter au verger.

La haie fruitière comprend deux étages de végétation, arboré, et arbustif, et le sol ombré est recouvert de matière organique. La haie fruitière, consiste en une ligne d’arbres fruitiers plantés idéalement tous les cinq mètres, qui se développent sans contrainte dans une haie intercalaire composée de plusieurs arbuste (2 à 4 et parfois plus) taillée très basse (1 mètre) et qui crée une sorte d’étroit jardin-forêt linéaire à deux strates.

Haies fruitières du verger conservatoire d’Aquitaine

Ce rapprochement entre deux plants, qui peut sembler dense, permet à ce milieu linéaire d’entrer en fonctionnement rapidement au bout d’un à trois ans, état obtenu lorsque la continuité végétale est installée. Le sol est alors parfaitement dissimulé par la couverture végétale qui l’alimente régulièrement et intensément en matière organique d’origine aérienne par les feuilles et les bois de taille. Il en est de même au niveau souterrain par le renouvellement des racines fines, la biomasse microbiologique, la faune et la flore du sol. La haie doit être garnie jusqu’à la base pour éliminer l’herbe et créer un micro climat favorable aux racines et à l’ensemble des organismes vivants qui s’y développe ou s’en servent de protection. Evelyne Leterme, La Biodiversité amie du verger, édition du Rouergue, p. 137

Toutes les plantes sont mises en place en même temps, après un travail du sol important pour favoriser l’enracinement et un amendement conséquent du lit de plantation. Après la plantation de arbres et arbustes, le sol est recouvert de bois raméal fragmenté et paillé.

La conduite de la haie favorise les arbres fruitiers qui sont choisis pour leur taille réduite (porte-greffes vigoureux mais nanifiant) et qui s’épanouiront librement tandis que les arbustes intercalaires sélectionnées pour leur tolérance au rabattage à 1 m de hauteur, seront rabattus une à deux fois par an).

La haie fruitière ainsi créée forme un corridor toujours couvert dans lequel les auxiliaires peuvent circuler sous protection ; elle héberge et nourrit tout une cohorte d’êtres vivants qui se régulent entre eux, et évitent les pullulations excessives d’un type de ravageur. Ce système cherche à équilibrer le rapport sauvage/cultivé et à intégrer une diversité végétale suffisante qui génère une autorégulation du parasitisme.

L’expérience montre que (dans ce contexte et ce biotope) la compétition racinaire des différents arbres est un mythe est qu’au contraire il y plutôt une collaboration racinaire et mycorhizienne dans ce système de haie fruitière. Les arbres qui ne sont jamais traités développe très peu ou pas de maladies.

Au Canada, Stefan Sobkowiak a développé un système de haies fruitières similaire, qu’il appelle "allées d’épicerie" en s’inspirant des principes de la permaculture.

Dans ce modèle, chaque arbre fruitier planté est associé à un arbuste fruitier. Les espèces d’arbustes fruitiers sont : le gadellier, le groseiller, le cassis, le camerisier.

A chaque arbre est également associé de à 4 à 24 fleurs, fines herbes, légumes. Celles-ci sont plantés dans 5 rangés allant des plantes basses le long de l’allée gazonné au plus haut dans le centre de la rangé.

Les arbres, arbustes, fleurs fines herbes et légumes sont plantés selon la période de cueillette pour faciliter la gestion des récoltes.

Le design de plantation est aussi conçu pour confondre les insectes ravageurs. Ils ne peuvent sauter d’un arbre à un autre comme dans un verger conventionnel. La complexité des plantes est conçu pour héberger les prédateurs des ravageurs.

Haie régulatrice des eaux et protectrice des sols

Les études sur le rôle des haies dans le cycle de l’eau sont peu nombreuses mais elles font ressortir nettement que les talus et les haies freinent l’érosion due au ruissellement, notamment sur les fortes pentes et que les haies favorisent l’infiltration et améliorent ainsi l’alimentation des nappes.

Il s’avère en particulier que les haies perpendiculaires à la pente font barrage au ruissellement lié à l’intensité des pluies et forcent les eaux à s’infiltrer ; et que le réseau bocager fonctionne comme un réseau hydrographique secondaire pour les écoulements de surface. En obligeant les eaux à le suivre ou à le contourner, il rallonge la longueur du transfert jusqu’à l’exutoire. Ce qui se traduit, dans un bassin versant, par une certaine régulation des débits et par une atténuation des volumes et des pointes de crues.

Ce contrôle du ruissellement se double d’un contrôle de l’érosion. Cette dernière existe dans les bassins bocagers. Cela est attesté par l’existence d’une zone plane en amont du talus, qui peut atteindre la morphologie d’une terrasse en terrain limoneux, et dans laquelle l’étude pédologique révèle un épaississement très important des horizons organiques ; alors que juste à l’aval du talus, le sol est érodé. Cette érosion est cependant limitée à la parcelle ; les particules érodées, interceptées par les talus, n’atteignent pas l’exutoire. A la différence des bassins ouverts, il n’y donc pas de perte absolue de matière ou très peu dans les bassins bocagers.

C’est pourquoi, en Europe l’arasement des bocages s’est traduit par des effets négatifs sur les ressources en eau et en sols, et de manière générale sur l’environnement. Les pratiques agricoles intensives qui ont suivi le débocagement ont entraîné un compactage de la surface des sols favorisant ainsi le ruissellement et l’érosion. Ainsi les polluants accumulés dans la partie superficielle du sol sont transférés vers les exutoires

Au niveau de la couverture pédologique, les modifications de structure et de fonctionnement, notamment hydrodynamique, introduites par l’embocagement et le débocagement ont peu été étudiées. Il ressort néanmoins que :

la séquence de sol originelle comportant des sols généralement sains sur les versants avec une différenciation pédologique plus forte vers l’aval et des sols hydromorphes dans les talwegs est découpée dans les bassins bocagers en une suite de séquences articulées entre elles à chaque talus.
La circulation de l’eau sur le versant, tantôt verticale, tantôt latérale selon les propriétés des sols est plutôt verticale dans les zones de haies.
La haie, par son enracinement, joue le rôle de drain vertical ; elle joue également le rôle de pompe à eau ; dans certaines situations des signes morphologiques témoignant d’un excès d’eau au droit des haies ont été observés.

Au plan géochimique, différents indices suggèrent d’attribuer à la haie un rôle dans le transfert de polluants : la haie bloque les particules érodées, support des pesticides et du phosphore ; l’excès d’eau qui peut se produire au pied de la haie favorise la dénitrification. De plus, les arbres qui forment la haie peuvent consommer spécifiquement certains éléments dissous.

Une inquiétude majeure, concernant les haies comme et d’autres mesures d’agroforesterie, concerne l’utilisation accrue de l’eau par les arbres utilisés comme haie.

Il est vrai que les zones où l’eau est rare peuvent voir des rendements réduits, lorsqu’un nouveau système agroforestier est lancé et que les arbres nouvellement plantés entrent en concurrence pour l’eau avec les récoltes. Cependant, aux stades ultérieurs, les racines d’arbres peuvent permettre un meilleur accès à l’eau pendant les périodes de sécheresse en faisant remonter l’eau des profondeurs du sol, autrement inaccessible aux récoltes.

Dans un examen approfondi des effets des haies brise-vent sur les cultures, Kort (1988) a résumé leurs bienfaits sur les cultures dans le tableau suivant.

Crop Augmentation du rendement (%) lié à la présence de haie
Alfalfa 99
Millet 44
Luzerne 25
Orge 25
Riz 24
Blé d’hiver 23
Seigle 19
Maïs 12
Blé de printemps 8

Source : Kort, J. (1988) Benefits of windbreaks to field and forage crops. Agriculture, Ecosystems & Environment. Vol. 22-23, August 1988 : 165–190

Gliessman (2015) décrit une étude qui montre des augmentations de rendement de 5 à 50 pour cent. Les avantages maximaux sur les récolte sont obtenus avec des arbres de 3 et 6 mètres de hauteur, les avantages se maintienne jusqu’à 10 m de hauteurs à une distance de 8 mètres de la haie. Un exemple des effets de distance sur le brise-vent est donné à la figure 16. Les rendements réduits près du brise-vent sont probablement le résultat d’un ombrage excessif ou d’une concurrence des ressources.

Haie protectrices et génératrice de biodiversité

Les haies renferment une diversité biologique animale et végétale importante. Elles peuvent présenter une grande richesse floristique (arbres, arbustes, plantes grimpantes, plantes herbacées) qui , avec la faune très diversifiée qu’elles accueillent (insectes, rongeurs, oiseaux) constitue un écosystème complexe. L’équilibre qui en découle permet d’éviter la prolifération d’espèces nuisibles aux cultures. Dans les vergers de haies fruitières implantés par Evelyne Leterme, des comptage entomologiques ont montré la présence de plus de 80 auxiliaires.

L’établissement d’un habitat riche en fleurs dans ou autour des paysages d’élevage intensif afin d’augmenter la disponibilité des ressources en pollen et en nectar et l’une des les initiatives qui ont été encouragées ces dernières années pour faire face au déclin des populations d’abeilles en Europe et en Amérique du Nord.

La composition de ces habitats dépend de l’emplacement et de la compatibilité avec les systèmes de culture adjacents, mais ils se composent souvent de bordures de champs avec des espèces à fleurs vivaces ou annuelles, de haies composées d’arbustes à fleurs prolifiques et de bandes tampons d’herbe (utilisées pour gérer l’érosion et le ruissellement des nutriments) qui sont complétées par des espèces de fleurs dicotylédones. Si l’objectif premier de ces mesures est d’accroître l’aptitude écologique des populations de pollinisateurs grâce à une meilleure nutrition des larves et des adultes, ces stratégies apportent également des avantages secondaires à l’exploitation et au paysage environnant.

Plus précisément, la conservation de l’habitat des pollinisateurs peut améliorer la biodiversité globale et les services écosystémiques qu’elle fournit (notamment la réduction des populations de parasites), protéger la qualité des sols et de l’eau en atténuant le ruissellement et en protégeant contre l’érosion des sols, et améliorer l’esthétique rurale. L’intégration de ces avantages secondaires dans les processus décisionnels est susceptible d’aider les parties prenantes à évaluer les compromis implicites dans la fourniture de services écosystémiques.

Pour aller plus loin : Stephen D. Wratten & al, Pollinator habitat enhancement : Benefits to other ecosystem services,

Haie médicinales

Des arbustes et arbres médicinaux peuvent être cultivés en haie. C’est notamment le cas de Tetradenia riparia [ Umuravumba (rw), Faux patchouli, (fr), Ginger bush (en)] et de Plectranthus barbatus - [Igicunshu (rw) Coleus d’Inde (fr) Indian coleus (en)]. La strate arbustive, peut être complétée par une state d’herbacées et de plantes volubiles médicinales.

Au Burundi, du fait que plusieurs espèces médicinales s’épuisent progressivement dans leurs milieux naturels, certains cultivent de cette manière des plantes devenues rares, ou des plantes d’importance particulière, notamment pour les soins primaires. Ces plantes cultivées à proximité des habitations forment une ressource médicinale de clôture qui s’ajoutent aux espèces spontanées préservées dans les agroécosystèmes qui peuvent bénéficier de l’attention dédiées aux plantes cultivées.

Haie productrice de biomasse

Les haies productrices de biomasse doivent comportent une proportion de plantes à croissance rapide, repoussant facilement après la taille, dont le feuillage a une bonne teneur en azote, phosphore potassium.

Macrobouturage érigé d’arbustes

Le macrobouturage érigé est une technique simple de démultiplication des végétaux adaptées à de nombreuses espèces. Une macrobouture, également appelée « estacon » ou « bouture haute » peut être un bout de tige, un bâton ou une perche, quelle que soit sa longueur,prélevée sur un arbustes qui peut repousser naturellement une fois replantée. De nombreuses espèces végétales possèdent cette capacité à se multiplier par macrobouturage érigé. Ces plantes et cette technique de multiplication sont utiles permettent de créer très rapidement des haies vives.

Clôture de macrobouture de noni (Morinda citrifolia) à Yap, Etats fédérés de Micronésie.

Parmi les familles et espèces végétales susceptibles d’être macro bouturées ont peut citer :

Lamiaceae

- Umuravumba (rw), Faux patchouli, (fr), Ginger bush (en) [Tetradenia riparia]
- Igicunshu (rw) Coleus d’Inde (fr) Indian coleus (en) [Plectranthus barbatus]

Umuravumba et Igicunshu

Bombacaceae

- Le Fromager ou Kapokier (fr). Kapok tree (en) [Ceiba pentandra (L.) Gaertner]

Euphorbiaceae

- Ikizirahinda, Umurerabana (rw), Ikidakama, ikivurahinda, umutwetwe (bu) Pourghère ou gros ricin (fr) Physic Nut [Jatropha curcas L.]
- Umwambati (rw), Manioc (fr), Cassava (en) Manihot esculenta Crantz
- Manioc arborescent (fr), Tree cassava ou Cera ruber tree (en) [Manihot glagiovii Muell. Arg.]

Haie de Pourghère (Jatropha curcas)

Fabaceae

- Gliciridia (fr), Mexica lilac (en) [Gliricidia sepium (Jacq.) Walp]

Clôture de Gliciridia

Papillonaceae

- Umukano, Umusera (rw) Ambatch, Pith tree, Balsa wood tree (en) [Aeschinomene elaphroxylon Guill. & Perr.]
- Umuhunga, Umunyegenyege, Uruyange (rw) [Aeschinomene shimperi Hochst ex A. Rich.]
- Palissandre du Congo, faux ébénier (Fr). Wenge, awong, grey ebony (En) [Millettia laurentii]

Haie adventice d’Aeschynomene schimperi en Tanzanie

Lecythidaceae

- Barringtonia, bonnet d’évêque, manondro (Fr). Barringtonia, brack-water mangrove, freshwater mangrove, fish-poison tree, powder-puff tree (En). [Barringtonia racemosa Forster & Forster]

Feuillage et bas de haie de Barringtonia racemosa

Moringaceae

Moringa [Moringa oleifera Lam.]

Haie de Moringa oleifera

Poaceae

- Bambou de Birmanie, bambou géant (Fr). Giant bamboo, dragon bamboo (En)Dendrocalamus giganteus Munro]
- Roseau (fr), ditch reed ; giant reed ; reed ; reed grass (en), caña (es) [Phragmites communis Trin.]

Haie de roseaux

Rubiaceae

- Adina, Water shea nut ou African teak (en) [Breonadia salicina ou Adina microcephala]

Water shea nut ou African teak

Verbenaceae

- Peuplier d’Afrique, Galhar, Kashmir tree, White teak (En) (en) [Gmelina arborea Roxb.]

La technique de macrobouturage érigé présente quelques inconvénients : les boutures ne développent généralement un pas de racine pivot mais un système racinaire latéral plus faible que les plantes cultivées à partir de graines.

Haies ornementale tressées

La flexibilité des saules et des osiers qui forment le genre Salix et leur aptitudes à être cultivés par bouturage, autorise la culture de haies qui seront tressées pour obtenir des clôtures élégantes comme on peut le voir ci-dessous

Inconvénients des haies

Les haies ne sont pas sans défaut potentiels, mais ceux-ci peuvent être atténués ou éliminés si la haie est bien composée et bien conduite.

Lorsque la haie délimite les parcelles de deux propriétaires, implanter une haie implique un accord entre entre les voisins concernés en vue d’éviter les conflits. Le partage des produit de la haie aussi. Il y a plusieurs façons de partager les arbres plantés sur les bordures. Parfois, deux rangées d’arbres sont plantées, une sur chaque côté de la bordure, et ainsi chaque propriétaire plante et gère ses propres arbres.

Compétition des espèces de clôture avec les cultures

Le couvert et racines de la haie peuvent entrer en compétition avec les cultures proches pour la lumière solaire, l’eau et les nutriments du sol disponibles..

Le choix des espèces plantées et la conduite de la haie permet non seulement d’e limiter cet inconvénient mais peut être éviter. Pour cela, les arbres peuvent être élagués ou étêtés afin de réduire la compétition avec les cultures. Des arbres avec un houppier peu dense et des effets fertilisants sont à préconiser dans les champs.

Dans les pratiques de régénération naturelle assistée et d’agriculture syntropique, les arbres participent à la fertilité du système. Ils sont régulièrement et au moment opportun drastiquement élagués. Ce faisant, ils fournissent de la biomasse et produisent des hormones de croissance qui se diffusent dans le milieu.

Gestion syntropique des haies

La végétation plantée dans un système agro-forestier aura obligatoirement besoin d’être taillée à un moment, les plantes à biomasse comme les plantes à destinée commerciale. Les arbres plantés pour profiter de leur biomasse seront taillés plus intensément alors que les arbres fruitiers le seront moins. Tailler les plantes est absolument essentiel car cela les maintient perpétuellement dans une phase « adolescente » et les empêche de rentrer en sénescence, phase où elles émettront un signal de vieillissement aux autres.

Toutes les plantes suivent un cycle biologique. La première période est de croissance rapide. Vient ensuite la floraison. Enfin vient le vieillissement. Le vieillissement se caractérise par un ralentissement de la croissance, puis l’apparition de graines et enfin la plante se dessèche. Pendant cette période, la plante vieille a une mauvaise influence sur les autres plantes. Cet effet ralentisseur est évité en agroforesterie grâce à la taille des plantes.

Les arbres à biomasse sont taillés aux premiers signes de sénescence. Les arbres fruitiers doivent être laissés en mesure de produire leurs fruits, puis taillés dès que la récolte est passée. Des hormones de croissance sont libérées par les plantes au sein du système quand elles sont taillées. L’influence de cette hormone sur le système dépendra des caractéristiques et de l’âge de la plante taillée. Si la ligne A est densément plantée et est très diversifiée, alors toute la zone-B pourra profiter de l’effet des hormones de croissance. La zone B devrait donc être plantée juste après la taille des lignes A afin de profiter au mieux de cet effet.

Si les plantes sont bien établies au bon moment, un fort effet positif peut-être observé seulement après une semaine. Par exemple, les feuilles d’un cacaotier s’allongent, ou les arbres fruitiers augmentent leurs productions. Un maïs peut prendre 30 cm d’un coup !


Principes de gestion syntropique des haies multifonctionnelles : 1. Plantation en lignes dense, 2. Élagage drastique les arbres producteurs de biomasse, 3. Application de la biomasse au sol, 4. Boost de croissance après élagage, paillage et libération de la lumière solaire.

- Surcroît de travail et nécessité de main-d’œuvre supplémentaires pour l’élagage des espèces qui produisent de grandes quantités de biomasse.

Cet inconvénient est le contrepoint inévitable de l’avantage de la production de biomasse indispensable à couverture du sol par un mulch de matière organique

- Certaines plantes de clôture vivantes sont facilement mangées et détruites par le bétail, ou peuvent être envahissantes.

Là encore cet inconvénient est le revers du bénéfice de produire du fourrage pour le bétail herbivore ; il nécessite une gestion de la divagation des animaux.

Conclusion sur les inconvénients des haies

L’utilisation ou non de clôtures vivantes dans une exploitation agricole dépend moins de la balance entre les avantages et les inconvénients car les avantages sont largement plus important que du choix des espèces végétales qui la compose, de son entretien et de sa gestion dans le temps.

Critères d’une bonne haie multifonctionnelle

Il y a plusieurs grands principes à respecter réussir une haie :

- donner la priorité aux espèces endémiques du pays pour composer la haie. Veiller si on souhaite introduire des espèces exotiques que celles-ci peuvent se naturaliser car leur biotope originaire est compatible avec le biotope locale.

- associer plusieurs espèces dans la haie permettant que la haie ait plusieurs strates, soit multifonctionnellee, comportent des essence productrice de biomasse repoussant après la taille ;

- ameublir et travailler le sol en profondeur avant l’implantation de la haie pour permettre un enracinement profond et le développement sans obstacle de racines pivots ;

- utiliser des jeunes plants lors de la plantation,

’- couvrir le sol de la haie si possible de bois raméal fragmenté et ou de paillis. Le bois raméal fragmenté facilité l’implantation d’un réseau de mycorhizes, le paillage évite la concurrence des herbacées et nourrit le sol.

Pour réussir une haie multifonctionnelle, il faut complanter dans sa haie :

- certaines plantes qui participent à la fertilité du système, sans toutefois attendre d’elles une production commerciale. Ces végétaux sont appelés plantes et arbres à « biomasse ». Ils ont pour fonction de produire ce qui permettra de couvrir le sol avec une épaisse couche de matière organique, et s’assurer de l’alimenter.

En Afrique de l’Est, il pourra s’agir par exemple de Moringa oleifera, Gliciridia, Inga spp, Acacia, Cassia (Senna), Grevillea robusta, Calliandra calothyrsus, Tephrosia vogelii, Cedrela odorata, Maesopsis eminii, Alnus acuminata.

- des plantes pourvoyeuses de produits souhaités par exemple à destinée vivrières, médicinales, productrice matériaux (tuteurs, fibres...), de combustible...

En agriculture syntropique ces végétaux sont appelés plantes et arbres « cibles ».

La combinaison d’essences à « biomasse » et de plantes « cibles » à pour objectif de former une guilde de végétaux poussant ensemble, de manière mutuellement bénéfique. L’agriculteur doit avoir une compréhension profonde de comment la taille et la coupe des plantes permet de stimuler leur croissance, et doit donc savoir user de ces pratiques à des moments stratégiques.

Pour aller plus loin

Autre article consacré aux haies sur le site La Vie Re-Belle :Haies traditionnelles et contemporaines en Afrique

Mis en ligne par La vie re-belle
 7/09/2020
 https://www.lavierebelle.org/eloge-des-haies-vives

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