Principales plantes utiles pour arrêter les saignements
Pharmacopées méditerranéenne et des zones tempérées
• Achillea millefolium (Asteraceae)
L’utilisation hémostatique d’Achillea millefolium est commune à différentes tradition médicinales.
Cette propriété est d’ailleurs souvent célébrée par les noms données à cette plante.
D’après la mythologie grecque, le centaure Chiron, qui enseignait l’art de la bataille à ses étudiants, apprit à Achille, héro quasi-invincible, comment utiliser cette plante pour soigner ses amis guerriers sur le champs de bataille de Troie. Dans l’Iliade, Homère met en scène Achille utilisant ces vertus hémostatiques pour arrêter l’hémorragie de Télèphe, un fils naturel d’Hercule, dont il a tranché par erreur le mollet d’une lance perdue. Le qualificatif de "millefeuille" lui a été donné du fait des multiples découpures que présentent ses longues feuilles.
Les Romains l’appelaient « Herba Militaris ». Les Amérindiens de la tribu des Dakotas l’appellent « herbe pour les blessés ». En français, l’achillée millefeuille est également appelée Herbe aux charpentiers, Herbe aux coupures, Herbe aux militaires.
Achillea millefolium est ainsi considérée comme l’une des meilleures plantes hémostatiques réputée arrêter les saignements abondants.
Matthew Wood rapporte l’histoire d’un bûcheron qui s’étant ouvert la jambe avec sa tronçonneuse. Le bûcheron, à des kilomètres de tout secours, appliqua un cataplasme d’achillée qu’il renouvela toutes les minutes. Le saignement, la douleur et l’enflure furent calmées en 15 minutes. Le lendemain, la plaie était refermée.
Elle peut être aussi être utilisée pour tout saignement interne, L’achillée a été utilisée avec succès pour les cas de saignements pulmonaires dus à la tuberculose, ainsi que pour les saignements des néphrites.
Récolte : Achillea millefolium peut être utilisées fraîche ou séchée ; jeunes feuilles et racines peuvent être utilisées mais, les sommités fleuries sont les plus riches en composants actifs. On ramassera la plante de préférence sur des sols riches aux endroits où elle dégage sa plus forte odeur. La plante perd peu à peu de son parfum au séchage. La sommité fleurie reste relativement aromatique pendant 12 mois voir plus mais il est souhaitable de renouveler néanmoins les stocks chaque année. Les sommités fleuries entières seront séchées sur des clayettes à l’abri du soleil. Le soleil jaunirait les fleurs et dégraderait rapidement ses composants actifs.
• Capsella bursa-pastoris (Brassicaceae)
– Kinyarwanda : Ubushyirahamwe ; Français : Bourse à pasteur, Molette à berger, Capselle, Bourse de capucin, Bourse à berger ; Anglais : Shepherd’s purse, shepherd’s heart, Lady’s purse, Mother’s heart
Les parties aériennes de Capsella bursa-pastoris sont utilisées depuis l’Antiquité pour leur pouvoir hémostatique dans les régions méditerranéennes : elles servent à soigner les hémorragies internes et externes. En usage interne, leur effet est réputé supérieur à celui des parties aériennes de l’achillée. d’une manière traditionnelle.
Traditionnellement, la plante est particulièrement, mais non exclusivement, utilisée, pour les saignements de la femme. Au XIXe siècle, Capsella bursa-pastoris était l’une des plantes les plus utilisées par les sages femmes, pour résoudre les hémorragies post-partum et elle reste toujours utilisée aujourd’hui par certaines sages femmes aux États-Unis.
En Europe en Amérique du nord et sur le pourtour méditerranéen, la bourse à pasteur reste prescrite comme hémostatique sous forme de tisane concentrée ou de vin médicinal par les phytothérapeutes.
La tisane de bourse à pasteur est également réputée réguler la circulation du sang, tant pour l’hypertension que l’hypotension. En usage externe, la teinture mère de capselle combat les troubles musculaires. Les indications et les usages officiellement agréés concernent les saignements de nez, le syndrome prémenstruel, ainsi que les blessures et brûlures.
Selon Matthew Wood, cité par Christophe Bernard, la bourse à pasteur, en tant que réchauffante et stimulante, agirait mieux sur les conditions de saignement provenant d’un organe atone, “froid”, avec un sang sombre et épais qui a du mal à s’écouler et demande donc une stimulation afin de résoudre la situation.
Avec une posologie thérapeutique appropriée, il n’existe pas d’effets indésirables connus.
Récolte : La bourse à pasteur est plus active et plus acre lorsqu’elle est jeune. Elle doit être récoltée avant la floraison, et employée verte. La dessiccation lui fait perdre ses propriétés.
• Urtica dioica (Urticaceae)
– Kinyarwanda : Igisura ; Français : Ortie ; Anglais : Nettle
Les propriétés hémostatiques et antihémorragique des orties sont connues depuis l’antiquité. Le suc des parties aériennes est utilisées pour réduire les hémorragies et l’hémophilie.
Selon FJ Cazin, ces propriétés un temps oublié, ont été redécouvertes au XIXe siècle, avec la publication d’un mémoire du Dr Ginestet, sur l’efficacité de cette plante dans le traitement des hémorragies de l’utérus. « Ce praticien rapporte cinq cas d’hémorragies utérines qui furent presque instantanément arrêtées par l’usage du suc d’ortie, administré à la dose de 60 à 125 gr. Plus tard, Ginestet communiqua à l’Académie un nouveau fait constatait la propriété hémostatique du suc d’ortie dans une hémorragie utérine qui durait depuis deux mois, et qui avait résisté à tous les autres moyens employés. Ce praticien assure avoir employé le même moyen avec succès à l’hématémèse, l’épistaxis et d’autres flux de sang. Enfin, Mérat a joint son témoignage aux faits rapportés par Ginestet : ce médicament lui a réussi dans un cas très-grave d’épistaxis survenue à une jeune femme au moment d’accoucher, et qui avait résisté à la plupart des moyens employés en pareil cas. Attilio Menicucçi, de Rome, rapporte qu’il a fait usage de cette plante (Urtica urens) dès les premières années de sa pratique, comme d’un moyen hémostatique dont il a retiré les résultats les plus satisfaisants. Il l’a employée, en outre, avec succès, pour les relâchements de l’utérus, en introduisant dans le vagin une éponge imprégnée du suc de cette plante et d’eau tiède. J’ai employé le suc d’ortie avec un succès presque constant comme hémostatique dans l’hémoptysie, et surtout dans les pertes utérines. Entre autres cas, je citerai le suivant : La femme Sueur, âgée de trente-cinq ans d’un ’tempérament lymphatique, fut atteinte, au mois de juin 1843, d’une hémorragie utérine contre laquelle on avait depuis quinze jours employé inutilement divers moyens. La malade était dans l’épuisement ; le pouls était faible, la face décolorée, le moindre exercice impossible. Je lui fis prendre un verre (100 gr. environ) dé suc d’ortie, matin et soir. Dès le second jour, l’écoulement sanguin diminua de moitié ; le quatrième jour, la perte était entièrement arrêtée. Cette malade prit chaque matin, pendant quinze jours, pour rétablir ses forces, 4 onces (120 gr.) de bière de petite centaurée et de racine de tormentille. Des observations nouvelles, publiées dans el Siglo medico 1863, n°5 604 et 605, viennent établir l’efficacité de ce moyen thérapeutique. J’ai vu des paysans arrêter l’hémorragie nasale en introduisant dans les narines un morceau de coton imbibé de suc d’ortie. Je croyais d’abord que te tamponnement était ici le véritable hémostatique ; mais, depuis, j’ai vu ce suc arrêter seul l’hémorragie. »
Pharmacopées africaines
• Aspilia africana (Asteraceae)
– Kinyarwanda : Icyumwa, Kizimya muriro ; Kirundi : Icyumwa ; Anglais : Hemorrhage plant, Wild sunflower
Dans les zones tropicales les feuilles et fleurs fraîches froissées d’Aspilia africana (Icyumwa en Kinyarwanda) sont réputées avoir des propriétés extraordinaires d’arrêt des saignements. Au Liberia, on attribue même à la plante la capacité d’arrêter le saignement d’une artère sectionnée. Son application est supposée entraîner des exsudats. Son nom haoussa signifie « favoriser une guérison rapide ».
La capacité d’Aspilia africana à cicatriser les plaies est notamment due à ses propriétés hémostatiques. La plante peut réduire efficacement les saignements, accélérer la vaso-constriction, augmenter le facteur de croissance basique des fibroblastes et le facteur de croissance dérivé des plaquettes, et stimuler les paramètres hématologiques, notamment les globules blancs et rouges, qui sont tous des composants vitaux du processus de cicatrisation des plaies.
Seuls ou en synergie, les différents composés phytochimiques bioactifs, alcaloïdes, saponines, tanins, flavonoïdes, phénols, terpénoïdes, β-caryophyllène, germacrène D, α-pinène, carène, phytol et acide linolénique présentent des activités anti-inflammatoires, antimicrobiennes et antioxydantes très fortes, qui sont des aussi des processus importants dans la cicatrisation des plaies.
• Ageratum conyzoides (Asteraceae)
– Kinyarwanda : Akaziraruguma « qui s’en prend à la blessure » ; Français : Herbe à bouc, Herbe aux sorciers ; Anglais : Billygoat weed, Ageratum, Invading ageratum, Chickweed, Goatweed
« Akaziraruguma », le nom kinyarwanda d’Ageratum conyzoides signifie « Qui s’en prend à la blessure ». Il fait référence au principal usage médicinal de la plante
Les feuilles possèdent des propriétés astringentes et hémostatiques. Comme Aspilia africana et toutes les plantes dotées de propriétés styptiques son action porte sur la contractilité organique des vaisseaux sanguins et lymphatiques de la partie qui en reçoit l’application.
Le jus de plante fraîche ou la poudre de feuilles séchées sont appliqués sur les coupures, les plaies.
• Albizia adianthifolia (Mimosaceae)
– Kinyarwanda : Igihondohondo, Umusange ; Français : Albizia ; Anglais : West African albizia, Flat-crown, Rough-bark flat-crown
• Albizia gummifera (Mimosaceae)
– Kinyarwanda : Umusebeya, Umusebeyi ; Français : : Albizia. ; Anglais : Peacock flower, Smooth-bark flat-crown
Au Burundi, le macérât aqueux de tige sans feuilles et d’ écorce de la partie souterraine d’Albizia adianthifolia et d’Albizia gummifera est utilisée en voie orale pour traiter les hémorragies au cours de la grossesse. Il est utilisé comme cicatrisant antiseptique analgésique et hémostatique en Côte d’Ivoire.
• Centella asiatica (Apiaceae)
– Kinyarwanda : Gutwi-kumwe ; Français : Hydrocotyle, Coquelariat (Réunion) ; Anglais : Centella, Indian pennywort, Water pennywort ; Hindi : Gotu-kola
En Asie Centella asiatica est surnommée « l’Herbe du tigre » en Inde car les fauves blessés se roule dans ces herbes pour soigner leur blessures.
La plante est traditionnellement utilisée pour aider à la résolution des blessures. On l’utilise aussi pour toute faiblesse des capillaires sanguins qui ont tendance à vite se briser au moindre coup. La plante renforce en effet l’intégrité de tous ces tissus . Le stimule la régénération de nouveaux tissus, aide à réparer des lésions de longue date qui traînent et ceci en minimisant les cicatrices. Elle favorise la prolifération des fibroblastes (cellules qui sécrètent la matrice extracellulaire et permettent une peau souple et élastique), favorise la production de collagène et améliore fermeté et résistance de la peau. La plante est recommandée après toute chirurgie afin de stimuler une bonne réparation et cicatrisation. L’infusion ou la teinture mère s’emploie également en gynécologie pour réguler le flux menstruel.
• Dracæna steudneri (Agavaceae)
– Kinyarwanda : Igihondohondo ; Français : Dragonnier de Steudner ; Anglais : Dragon tree, Steudner’s dracaena, Dragon’s blood tree
La plante est hémostatique. Elle est utilisée pour traiter les saignements et les hémorragies. Elle possède de puissantes propriétés inflammatoires supérieures au médicament standard « Ibuprofen ») et également antibactérienne et antifongique.
• Harungana madagascariensis (Clusiaceae)
– Kinyarwanda : Umushayishanyi, Umushayishayi, Umushabishabi, Umumasa
Harungana madagascariensis possède des propriétés thérapeutiques astringentes, antibactériennes, antifongiques et antivirales. C’est dans les feuilles et l’écorce de l’haronga que l’on retrouve ces principes actifs qui sont des tanins et des flavonoïdes, des pigments phénoliques et des triterpènes.
Les feuilles de cet arbre sont d’une grande efficacité pour contrôler les hémorragies. La décoction de 15 grammes de feuilles par litre d’eau peut être utilisée en usage externe sous forme de bain ou de compresse. On peut également appliquer les feuilles en cataplasme directement sur la peau pour soigner les plaies, les ulcères et la gale.
• Jatropha curcas (Euphorbiaceae)
– Kinyarwanda : Umurerabana, Icyomoro ; Français : Pourghère ; Anglais : Physic Nut
Le latex est réputé pour ses vertus hémostatiques cicatrisante. Au séchage, le latex d’abord visqueux forme une pellicule étanche aux effets styptiques. Il est utilisé en externe pour soigner les problèmes de peau, les plaies infectées, les ulcères, la teigne, l’eczéma, les dermatomycoses, la gale et pour soulager les douleurs et les piqûres d’abeilles et de guêpes.